[En attente] Rokk le cuisinier

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-> A décimé un campement de la Légion de la Flamme en se cachant avec ses soldats dans un grand Charr de bois crée par la Légion de Fer, offert aux ennemis pour les tromper.
-> Cobaye encore vivant de la vachapulte.
-> Inventeur la recette des travers de trolls sauce pimentée et de la liqueur de dévoreur mariné (qui provoquerait des effets psychédéliques surprenants au bout de quelques gorgées...)
-> Très bon flair, peut sentir et reconnaître l'odeur de tout ce qui peut être catégorisé comme « matière première » pour cuisinier à des kilomètres.
-> Malgré son âge et sa retraite choisie, il n'en reste pas moins un grand Charr solide, aussi habile à la marmite qu'avec son bon vieil espadon.

Lorsqu'il était encore jeune et fringuant, Rokk ne se démarquait pas vraiment de ses petits camarades. Elevé dans la pure tradition belliqueuse, il gravit les échelons de la hiérarchie militaire jusqu'à devenir un légionnaire respecté de sa troupe, un regroupement de soldats de la Légion Sanglante, braves et fiers. A cette époque, Rokk ne s'était jamais vraiment posé de questions sur l'avenir dans la légion ou l'aboutissement de la guerre. Il ne vivait que pour elle et à travers elle et accomplissait son devoir sans s'interroger d'une quelconque manière : il était évident qu'ils ressortiraient vainqueurs tôt ou tard et pourraient poursuivre leur expansion.

Rokk obtint son surnom et son grade de légionnaire lors d'une bataille contre la légion de la Flamme. Il avait alors 30 ans et l'expérience d'un charr solide et aguerri. Alors que le combat tournait en leur défaveur, il se planta tel un roc devant ses alliés pour les protéger, repoussant à coup de mandales griffues tous ceux qui tentèrent de le faire reculer de sa position. Malgré le sang qui ruisselait sur sa fourrure, l'odeur des chairs brûlées et les hurlements d'agonie de ses compagnons, il tint bon jusqu'à l'arrivée des renforts et sauva de nombreuses vies. Sa vieille armure porte encore les marques de ce long et interminable supplice où le désespoir et la fureur l'avait rendu fou au point de ne plus sentir ni la peur ni la douleur. Sa carrure et sa conduite furent ainsi récompensés, et il devint le « Rokk » derrière lequel quelques soldats choisirent de combattre.

Les soldats qu'il commanda se spécialisa dans l'éradication pure et simple des camps des adorateurs de la Flamme. Lorsqu'ils décidaient de raser un campement, il ne restait derrière eux que des cendres froides. L'ivresse de la victoire et des combats dura quelques années, jusqu'au jour où il fut trahi.

Rokk avait toujours éprouvé une grande sympathie envers sa troupe. Une compassion sans égale et une loyauté inébranlable l'animaient depuis le Farhar. Lorsqu'il commandait les quelques hommes qu'on lui avait attribué, il le faisait toujours dans le plus grand respect et la plus ferme autorité, à l'image d'un père guidant les plus jeunes dans ses pas. De ce fait, le poids de la trahison fut pour lui d'une telle violence qu'il ne parvint jamais à se remettre du couteau ravageur qu'on lui enfonça dans le cœur ce jour-là.

Parmi ses hommes se trouvaient un charr désireux de faire ses preuves, jeune, impétueux et téméraire. Il était toujours volontaire pour chaque mission, de l'apport des messages importants aux raids répétés sur les campements ennemis. Un jour, il revint avec un message d'un de leurs supérieurs, les enjoignant à attaquer un campement précis lorsque la nuit tomberait. Pour cela, ils devaient passer par un pont en contrebas de gorges escarpées qui les mèneraient vers le lieu de rendez-vous de leurs troupes. Rokk ne discutait jamais les ordres. Rokk ne se posait jamais de questions sur les plans de bataille de ses supérieurs hiérarchiques. Rokk ne doutait jamais de ses alliés et avait toujours cru en eux aveuglément...

Ils empruntèrent le chemin et furent attaqués. Le terrain était en leur défaveur. Des archers décimèrent une partie de ses soldats sans qu'il n'eut le temps de réagir. Les autres brûlèrent vifs devant ses yeux tandis qu'il tentait vainement de dégager une voie de retraite. Parmi les soldats de la Flamme, il avait clairement distingué le jeune Charr qu'il avait alors considéré comme l'un de ses fils, arme à la main, enfonçant jusqu'à la garde son épée dans le torse d'un de ses anciens camarades, plongeant un regard provocateur et sournois dans le sien. L'instant d'après, le rugissement des flammes qui dévoraient le pont lui brûla la fourrure, et le fer cogna lourdement contre son armure tandis qu'il tentait de se frayer un chemin jusqu'au traître pour lui arracher la gorge de ses griffes.

Il n'y avait aucune issue. Il allait mourir ici, avec le reste de ses hommes. Mais avant, il emporterait ce félon dans la tombe ! Du moins, c'est ce qu'il espérait, avant que le pont, affaibli par les cadavres et les flammes, ne cède sous son poids et l'emporte dans un torrent. Il tomba inconscient et cru se noyer, emporté dans le fond des eaux rougies par le poids de son armure.

Plusieurs jours après cette terrible défaite, il se réveilla dans un campement de la Légion de Fer, repêché par hasard par un ingénieur qui testait un nouvel appareil de pêche aux requins, un peu surpris par le « plouf » tonitruant qu'avait fait le corps du légionnaire en tombant d'une cascade. Honteux et brisé, Rokk mit un temps fou avant d'admettre que ses soldats étaient morts sous ses ordres sans qu'il ne put rien y faire. Il passa plusieurs jours à se remettre de ses innombrables blessures, des cicatrices et brûlures sur tout le corps. Il fit la connaissance de l'ingénieur qui l'avait sauvé, un type un peu loufoque qui semblait convaincu de l'avenir des vachapultes dans l'art de la guerre. Auprès de lui, Rokk eut une vision de la vie plus adoucie, moins sérieuse et bien éloignée de son ancienne vie, certes riches en faits d'armes, mais fade et dénuée du relief que cet homme pouvait donner à son existence.

Le piège à requins fonctionna à merveille, enfin, sans compter les hordes d'écailleux remontés par mégarde qui s'en prirent à tout le campement en représailles. Les bestioles éradiquées furent récupérées par le cuisinier de la troupe. Blessé et incapable d'aider le campement autrement, Rokk accepta de l'aider à confectionner quelques plats pour les soldats, et trouva dans la cuisine le réconfort du bon-vivant qui la préparait. Le temps de rejoindre la Citadelle Noire pour y faire son rapport, Rokk avait appris à vivre autrement, et à jeter un regard plus sage et détaché sur son passé.

Au vue de son cuisant échec face à la Légion de la Flamme, il accepta d'être rétrogradé au rang de gladium. Il n'avait nullement cherché la moindre excuse et portait avec humilité la responsabilité de la mort de ses camarades. Il emporta sa vieille armure aux innombrables marques et arpenta près d'une année entière les sentiers des terres natales de la Légion Sanglante jusqu'à ceux d'Ascalon, pour dénicher le traître qui avait abattu ses amis. Il fut patient. Il erra, sagement, paisiblement, portant avec lui les chaînes d'un deuil constant. Et lorsqu'enfin il retrouva sa trace, il élabora son plan avec minutie pour l'attirer loin de ses alliés et lui fracasser le crâne à coups de rochers. Lorsqu'il en eut fini avec lui, le jeune Charr n'était plus que fourrure lacérée et cendres froides.

Depuis ce jour, Rokk ne porta plus jamais sa vieille armure, trônant dans un coin de sa petite demeure de la citadelle, soigneusement couverte d'un drap noir. Aujourd'hui, il avait 40 ans et sa fourrure s'était blanchie. Peu se souvenaient de son passé, ne voyant en lui qu'un vieil abruti lâche et indigne qui avait préféré la cuisine au front. Mais Rokk vivait loin des regards qu'on lui portait. Devenu bon-vivant et détaché, il utilise son flair pour cueillir des plantes et son hachoir pour préparer la viande, préalablement attendrie au marteau...

Rokk accompagne désormais les troupes pour préparer les repas des soldats. Il a pour philosophie que les longs sièges nécessitent de conséquents repas, et qu'une nourriture excellente ne peut que motiver les troupes et leur donner la force nécessaire à l'anéantissement des ennemis. Et puis, rien ne vaut une bonne bière fraîche en revenant d'une bataille, alors, à ses heures perdues, il confectionne quelques breuvages...

En le voyant, plus rustre et nature que jadis, les jeunes lui offrent peu de respect et ne devinent pas son passé. Il préfère se servir de sa dextérité avec ses outils de cuistot et emporte toujours sa grosse marmite en fonte, affectueusement baptisée « brise-crâne », et son « cure-dent ».

En entendant parler de la centurie, il proposa ses services en tant que cuisinier. Nul doute que son dossier mentionne son ancien parcours militaire, mais c'est bien en tant que cuisinier qu'il se proposa et non en tant que soldat. « J'suis devenu trop vieux pour ces conneries » dira-t-il peut-être sur un ton plaisantin, mais s'il aime tant cuisiner pour les autres, le goût amer des cendres et de la trahison reste dans sa gorge même après tant d'années, et il n'est pas prêt de reprendre officiellement l'épée sans ceux qui jadis furent ses amis...

Rokk est un Charr d'une quarantaine d'années au pelage blanchi par la vieillesse. De prime abord bon vivant et plaisantin, il peut se montrer cinglant et aigri. Personne ne se pose de questions sur le surnom de Rokk quand on voit débarquer ce "vieil" homme (c'est relatif) grand et large d'épaules. Son regard d'ambre contraste parfois avec ce côté rustre, laissant miroiter plus de sagesse et de sérieux qu'il n'en veut paraître. Sous ses vêtements, quelques anciennes et innombrables cicatrices parcourent sa fourrure. Il ne laisse personne les voir et prend soin de les camoufler, préférant oublier qu'il fut jadis un combattant farouche. Il ne se sépare jamais de sa grosse marmite, de ses outils de cuistot et de sa vielle armure qu'il emporte dans une grande malle, enroulée dans un drap sombre, qu'il garde caché dans son attirail d'inventions de son ami de la Légion de Fer et de matériel de cuisine.